COVID-19 ET SÛRETÉ NUCLÉAIRE, FAUT-IL S’INQUIÉTER?
Rédaction: Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, directeur du laboratoire de la CRIIRAD, avec la participation de Corinne Castanier, responsable règlementation-radioprotection.
La crise du coronavirus nous interpelle tous sur les conséquences qu’elle pourrait avoir sur la sûreté des installations nucléaires, et en particulier des centrales nucléaires. Cette crise accroît en effet le risque d’accident nucléaire et rendrait également la gestion de la catastrophe encore plus complexe.
Un réacteur nucléaire doit être surveillé en permanence
Contrairement à une éolienne ou une centrale photovoltaïque, qui peuvent fonctionner pendant une longue durée sans intervention humaine, une centrale nucléaire, même lorsqu’elle est à l’arrêt, nécessite en permanence du personnel compétent pour diverses opérations vitales comme le maintien du refroidissement du cœur du réacteur nucléaire.
La catastrophe de Fukushima l’a rappelé. Même lorsqu’un réacteur nucléaire se met automatiquement à l’arrêt, la puissance thermique dégagée par les assemblages de combustible irradié est telle qu’il faut à tout prix garantir le refroidissement permanent sous peine de fusion du cœur, pouvant conduire à des explosions et à des rejets massifs de substances radioactives dans l’atmosphère.
Le risque concerne aussi les assemblages irradiés entreposés dans la piscine de désactivation, à côté du bâtiment réacteur, qui doivent être refroidis en permanence sous peine de relargage massif de radioactivité dans l’environnement.
Au 31 mars 2020, sur les 57réacteurs nucléaires utilisés pour la production d’électricité dans l’hexagone, 18 sont à l’arrêt pour maintenance1, auxquels il faut ajouter le réacteur Fessenheim 1 mis à l’arrêt définitif le …