La radioactivité à Agen? Même pas peur, on nage dedans.
Lors de la conférence de presse à l’initiative deSortir du Nucléaire (France) et avec la participation de la CRIIRAD, le 9 février 2023, les associations locales ont communiqué à la presse le contenu de cet article (ci-dessous), révélant que depuis 2019 on savait qu’il y avait des rejets de radioactivité effectués par la centrale (CNPE) de Golfech pendant la saison estivale, sans que la population ait été informée préventivement!
A noter : le journal La Dépêche n’était pas présent.
Garonne en Fête, c’est un peu Agen Plage, tout le monde adore, les petits, les grands, les bébés et le 3ème âge, tout le monde est heureux de profiter des activités, dont la baignade.
En 2019 Garonne en Fêtea duré une semaine, du samedi 24 août au dimanche 1er septembre et pendant 5 jours complets les gens se sont baignés dans les rejets radioactifs de la centrale de Golfech.
Les centrales de production électronucléaires sont autorisées à effectuer des rejets de substances radioactives dans l’atmosphère et dans les cours d’eau.
L’étude de la CRIIRAD synthétise les résultats de ses analyses portant sur l’environnement terrestre du CNPE (Centre Nucléaire de Production d’Electricité) de Saint-Alban.
Les enseignements pour Golfech
Une étude faite en 2020 par la CRIIRAD sur l’impact des rejets radioactifs dans la Garonne et la Radioactivité des Végétaux aquatiques pour le compte d’associations locales (coordination Stop Golfech dont FNE 82, ATMP, VSDNG, Réseau Citoyen de Surveillance de la Radioactivité de Golfech, Sepanlog, Horizon Vert) a révélé qu’il y a beaucoup plus de tritium radioactif en aval de Golfech (14,3 Becquerel par litre de combustion) qu’en aval du CNPE de Cruas (4,5 Bq/l) dans la vallée du Rhône (entre Valence et Montélimar). Le Rhône est un fleuve beaucoup plus puissant qui peut diluer beaucoup plus que la Garonne.
Une étude similaire à celle de Saint-Alban montrerait très probablement une incidence des rejets radioactifs du CNPE de Golfech plus importante que celle détectée en aval de Saint-Alban.
Basé sur des travaux datant de 1995 et 2003 l’étude de la CRIIRAD sur les rejets de Saint-Alban reste évidemment pertinente si ce n’est que les taux ont très probablement augmenté depuis, le Tritium et le Carbone 14 radioactifs ayant respectivement une demie vie de 12,3 et 5730 ans (leur radioactivité diminuant de moitié pendant ces périodes).
Pour faire court voici ci-dessous quelques graphiques et la conclusion de Bruno Chareyron (ingénieur …
Derrière les contestations locales contre les implantations d’éoliennes, s’active un important réseau soutenu par les plus hautes sphères de l’état. Et qui ne cache plus son but : imposer une relance la plus massive possible du nucléaire.
Barbara Pompili, ex-ministre de la Transition Écologique, reconnaît que le front des anti renouvelables pèse lourd : « Les lobbyistes du nucléaire sont très présents auprès des parlementaires. Bien sûr, il y a aussi du lobbying pro renouvelables, mais, en termes d’influence sur le sommet de l’État, ça n’a rien à voir, ils ne jouent pas dans la même catégorie. »
Une armée d’anti-éoliens pour relancer le nucléaire
Parmi ces lobbyistes pronucléaires figure la Fédération Environnement Durable (FED) la principale organisation anti éoliennes présidé par Jean-Louis Butré. On y trouve aussi l’association de défense du patrimoine nucléaire et du climat (PNC) et son fondateur Bernard Accoyer (Les Républicains, LR), ancien président de l’Assemblée nationale, soutenu au sein de cette association par Gérard Longuet (ancien ministre et sénateur (LR) de la Meuse, Louis Gallois (ancien président de la SNCF), les anciens ministres Jean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg…
On y trouve aussi, entre autres autres pourfendeurs de l’éolien et défenseurs acharnés de l’atome, le Cercle de l’Union interalliée présidé par Denis de Kergorlay et le Cercle d’Étude Réalités Écologiques et Mix Énergétique (Cérémé) de Xavier Moreno fondateur de l’entreprise internationale d’investissement Astorg Partners qui a fait sa fortune.
Dans le monde, le climat montre une tendance nette au réchauffement depuis 1850, avec une forte accélération depuis le milieu des années 1970.
Une étude (Ribes et al – 2016) montre effectivement une élévation de la température en France de 1,5 ± 0.5°C sur la période 1959–2009.
Cette augmentation s’est accompagnée d’une élévation de la température des eaux, mise en évidence dans plusieurs cas comme par exemple sur la Loire qui s’est réchauffée en moyenne de 1,2°C en 32 ans.
Au niveau mondial, depuis les années 1900, le niveau moyen de la mer s’est élevé de près de 20 cm. Cette élévation est liée à une augmentation des températures océaniques (plus une eau est chaude, plus elle se dilate et occupe de volume) et à la fonte des glaces et neiges.
De 1993 à 2019, le niveau moyen des océans a augmenté de 3.36 mm par an.
En accentuant le risque de sécheresses le changement climatique peut mener à une diminution temporaire mais drastique du niveau des eaux des lacs, étangs et mares ayant un impact sur les espèces. De plus, en cas de pénurie d’eau, le changement climatique provoque, par effet de moindre dilution, la concentration des pollutions modifiant l’équilibre biologique et chimique de l’eau pouvant aboutir à une mortalité importante sur différentes espèces (poissons, …
La canicule n’est pas une boisson aphrodisiaque et le tritium n’est pas le petit de la grenouille.
Photographies de la Garonne prises par le RCSRGB le 26 juillet 2022 à Lamagistère et Donzac près de la Centrale nucléaire de Golfech, la Garonne à Agen et la plage d’été sur la Garonne.
Ces dérogations montrent à quel point la sécurité, la protection de l’environnement et des usagers, sont soumises aux aléas économiques ou politiques, car si les journées sont chaudes les matinées commencent entre 15° et 20 ° pour les plus chaudes, on ne peut donc pas parler de canicule.
Jusqu’au 7 août 4 sites nucléaires dont Golfech sont autorisés à dépasser les niveaux réglementaires de la température d’eau rejetée dans les fleuves et rivières dans lesquels ils s’alimentent.
Le dispositif de dérogation n’avait jusqu’alors été utilisé qu’une fois, en 2018 pour la centrale de Golfech, pour une durée de 36 heures.
Ici il y avait un fleuve.
Les agenais, malgré une journée plus clémente que les précédentes, ne semblent pas se précipiter sur la plage de ‘La Garonne en Fête’ offerte à ses administrés par la municipalité d’Agen (à défaut d’autre lieu de baignade) et ouverte cette année du 7 juillet au 31 août 2022. Ils ne sont pas nombreux à profiter d’une superbe irradiation externe car en plus du Tritium ils ont la possibilité aussi de profiter du Carbone14 radioactif, deuxième plus importante source de pollution radioactive après le Tritium (pollutions émises par la centrale de Golfech).
Agen le 22 et 23 novembre 2021 Intervenant :
Bruno CHAREYRON ingénieur en physique nucléaire directeur du laboratoire de la CRIIRAD
À la demande des associations locales (StopGolfech, RCSRGB) la CRIIRAD*, représentée par Bruno Chareyron, est venue à Agen, salle Picasso, à l’occasion de 2 réunions, l’une publique, l’autre destinée aux élus, pour commenter des analyses que ces associations lui ont demandé de réaliser. Cet article reprend les points abordés par Bruno Chareyron et est agrémenté d’illustrations** réalisées par la CRIIRAD.
*La CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) est à la fois un laboratoire d’analyse de la radioactivité agréé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et une association d’information sur la radioactivité.
** Support de l’intervention, PDF,Impact Golfech CRIIRAD 2021-11
La CRIIRAD a été créée en mai 1986 par Michèle Rivasi à la suite de l’accident de Tchernobyl. La CRIIRAD a été le premier laboratoire à réaliser des mesures radiologiques démontrant un mensonge de l’état et du lobby nucléaire quand les autorités françaises avaient menti en prétendant que la radioactivité émise par l’accident de Tchernobyl n’avait pas traversé la frontière… Contrairement à l’Allemagne et l’Italie, par exemple, la France n’avait pas pris de mesure de protection sanitaire, comme de ne pas consommer de lait frais qui se charge en iode radioactif ou de légume à large feuilles comme les salades ou les épinards…
Aujourd’hui la CRIIRAD effectue des analyses et des missions en France et à l’étranger.
Laboratoire Vétérinaire Départemental Montauban… des accusés.
Pour l’année 2019 il manque dans les données mises en lignes par le LVD82 pas moins de 10 rejets de Tritium correspondant à environ 25 % du temps des rejets annuels, et passés ainsi sous silence.
25 % du temps, en 2019, la Centrale de Golfech a rejeté du Tritium radioactif dans l’eau de la Garonne, hors selon les données du LVD82 ce ne serait que 19 % du temps.
Le LVD82 effectue, pour le compte de la CLI de Golfech (Commission Locale d’Information), des analyses de la radioactivité dans la Garonne.
En comparant les données sur les rejets fournis par EDF à ceux fournis sur son site par le Laboratoire Vétérinaire de Montauban, nous avons constaté qu’il manquait 10 rejets dans les données du LVD82, correspondant à environ 500 heures de rejet pour l’année 2019.
Peut-on faire confiance aux autres informations et données d’analyse fournies par le LVD82?
Le département du Tarn-et-Garonne et la CLI (Commission Locale D’information) doivent-ils continuer à utiliser les services de ce laboratoire?
Nous avions déjà pointé un retard étonnant du LVD82 dans la mise en ligne des analyses radiologiques d’eau de la Garonne que l’on peut consulter à l’adresse http://www.lvd82.fr/index.php?id=1650. En effet nous n’y disposons toujours (au 23 janvier 2022) d’aucun résultat depuis janvier 2020. D’autant plus étonnant que courant 2020 nous avions pu télécharger les mois de janvier et février 2020, qui ont donc été retirés? Pourquoi?
Contrairement aux accidents nucléaires qui l’ont précédés, comme celui de Tchernobyl, Fukushima a suscité une remise en cause très courte et limitée de l’énergie nucléaire. En dépit des conséquences observées à Fukushima, l’exploitation de réacteurs nucléaires s’est poursuivie.
Dans le cadre de sa thèse sur la sociologie des accidents nucléaires, Valérie Arnhold, doctorante au Centre de sociologie des organisations à Sciences-Po et chercheuse sur projet dans le programme “Nuclear Knowledges”, au Centre de recherches internationales (CERI), a mené une enquête ethnographique au sein des organisations européennes et internationales de sûreté nucléaire (https://journals.openedition.org/sdt/14611#ftn17).
Valérie Arnhold s’est appliquée à démontrer comment en intégrant la catastrophe de Fukushima dans un cadre de pensée pour essayer d’en comprendre les leçons, les organisations de sécurité nucléaire l’ont inclus dans des procédures de routines. Selon elle, la catastrophe de Fukushima “n’a pas questionné fondamentalement les pratiques de sûreté”, contrairement aux précédentes catastrophes nucléaires, et a ainsi suscité “une remise en cause très courte et limitée de l’énergie nucléaire”.
Les organisations internationales et les agences nationales en faisant rentrer la catastrophe nucléaire dans les cadres et procédures préexistants de la sécurité nucléaire la transforment en un événement ordinaire pour les professionnels du nucléaire.
D’événements incontrôlables, les catastrophes sont devenues une menace réelle mais gérable par l’ensemble des experts des organisations de sécurité.
Ainsi les experts de la sécurité se sont appropriés le travail sur cet accident, évinçant les décideurs politiques et les acteurs critiques (comme les associations antinucléaires).
Pour rappel RTE (Réseau de transport d’électricité) c’est le gestionnaire du réseau de transport d’électricité haute tension en France métropolitaine.
RTE est une société anonyme à capitaux publics, c’est une filiale d’EDF qui a vendu en 2017 49,9 % de ses parts.
RTE et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ont publié un rapport le 27 janvier dernier « Bilan Prévisionnel 2050 » qui présentent les différents Mix énergétiques possibles pour l’avenir de la France et les conditions techniques indispensables à leur mise en place.
Parmi les 8 scénarios énergétiques présentés et devant permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050, figure un scénario avec un mix 100 % renouvelables.
Si plusieurs études avaient déjà étudié cette possibilité, ce rapport est le premier provenant d’institutions reconnues mondialement pour leur capacité de modélisation.
Pour RTE, le nucléaire serait au mieux en stagnation, le scénario le plus ambitieux pour le nucléaire parvenant à une part de 50 % en 2050.
Aujourd’hui, environ 70 % de l’électricité est issue du nucléaire. Mais d’ici à trente ans, la quasi-totalité des réacteurs construits dans les années 1980 et 1990 auront été mis à l’arrêt.
Pour respecter ses engagements (accord de Paris sur le climat), la France s’est engagée à atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 en misant entre autres sur un recours accru à l’électricité.
Le choix pour la France selon ce rapport : remplacer certains réacteurs en fin de vie par de nouveaux réacteurs, ou remplacer intégralement ces réacteurs par des énergies renouvelables.…
À Fukushima, les autorités et les experts ont invité les habitants à s’accommoder au plus vite de la situation gravissime engendrée par la catastrophe nucléaire de Fukushima.
Dans son livre «Contre la résilience – À Fukushima et ailleurs » Thierry Ribault explique comment le concept de résilience sert à étouffer toute réflexion sur les causes réelles des catastrophes.
La résilience est un concept omniprésent dans notre société. Si au Japon elle semble aider les victimes à se projeter au-delà des traumatismes individuels, elle invite surtout à s’accommoder de cette catastrophe et donc à s’habituer à l’industrie nucléaire à l’origine de cette catastrophe.
La résilience apparaît comme une formule magique car elle prétend clore cette impossibilité, et en faire une source d’inspiration et de rebond vers un soi-disant « monde d’après ». C’est un principe de base de la résilience que l’on pourrait définir comme « l’art de s’adapter au pire ».
Dans la pratique, on individualise le problème et on amène les gens à faire fi de leur impuissance face aux dégâts pour, au contraire, leur donner l’impression d’être puissants et agissants. Les gens apprennent ainsi à dépasser le trop peu qu’est devenu leur vie en participant à la cogestion du désastre, comme par exemple en participant à la décontamination ou en surveillant la radioactivité ambiante. Les autorités parviennent ainsi à limiter les résistances à l’atome, à « faire ravaler leur colère aux gens ».
Pollution radioactive de la Garonne : l’impact des pipeaux de Golfech
Communiqué remis à la presse le mercredi 20 janvier 2021 lors de notre conférence de presse. Nous remercions Monsieur Alain Zanardo, maire écologiste de Roquefort, de son accueil, de sa présence et de sa participation pertinente.
Les ‘pipeaux’ c’est le surnom que nous avons donné aux clarinettes, comme les nomme EDF, qui sont les buses par lesquelles les centrales nucléaires rejettent la radioactivité dans les cours d’eau (dont nous buvons l’eau et qui irriguent nos productions agricoles).
Ils sont arrivés les résultats des analyses(1), les premiers depuis dix ans. Il a fallu y mettre quelques moyens que les militants ont dû en grande partie sortir de leurs poches. Un grand merci aux associations(2) et donateurs individuels.
Nous n’avons reçu aucun soutien des élus auxquels nous avons pourtant envoyé à 2 reprises une centaine de lettres sur ce thème ; les réponses se comptent sur les doigts d’une main et nous avons essuyé un refus de nous rencontrer fin 2019 de la part du maire d’Agen. Nous espérons à nouveau nouer des relations avec les élus et leur démontrer que leur intérêt n’est pas de cacher le nucléaire sous le tapis.
Ce sont leurs administrés qui mangent et boivent le gros de la radioactivité alors que Golfech et Montauban (en amont) reçoivent dotations, subventions et retombées fiscales. Depuis 2000 la pollution radioactive s’est accrue car c’est à cette époque qu’il a été décidé de rejeter la radioactivité …
Enquête de Christophe Legalle membre du Réseau Citoyen de Surveillance de la Radioactivité Golfech Le-Blayais Dernière mise à jour le 18 septembre 2020
La population du bassin d’Agen(1), qui consomme l’eau de la Garonne, fait partie des 6,4 millions de citoyens français dont l’eau du robinet est polluée par le tritium radioactif(2).
Le tritium traverse les métaux et le béton, il n’est donc pas confinable et les centrales nucléaires, obligées de le rejeter dans l’environnement, détiennent des droits de rejet que lui accorde l’état français. L’industrie nucléaire a longtemps considéré cet élément radioactif comme inoffensif, mais des études récentes montrent que la toxicité du tritium a été sous-évaluée, notamment quand il est absorbé par l’organisme. Il pénètre alors dans l’ADN des cellules. Le contrôle sanitaire de la qualité radiologique des eaux destinées à la consommation humaine n’est obligatoire que depuis 2005(3).
Parmi les ‘pistes’ officielles pour connaître la présence de Tritium figurent les analyses des ARS (Agences Régionales de Santé) qui effectue des prélèvements aux points de captage (donc dans l’eau qui va dans les canalisations), et le les analyses du laboratoire vétérinaire LVD82 qui effectue des analyses sur des prélèvements effectués dans la Garonne, pour ce qui nous concerne ici, entre la centrale de Golfech et les points de captage d’Agen. Les résultats de ces deux organismes sont présentés ci-après, on constatera qu’ils se contredisent parce que les prélèvements sont faits à des dates quelconques sans tenir compte des rejets de Tritium effectués …